Incontournable dans le monde du e-commerce, Amazon n’est plus à présenter. Sa stratégie est simple. Basée sur des prix extrêmement bas, le géant du e-commerce cherche à étendre son influence jusqu’à acquérir une forme de monopole total dans le secteur. Alors que le chemin semblait tout tracé, on s’aperçoit peu à peu que les différents bras de fer du grand groupe commencent à peser lourd dans la balance.
Et le premier bras de fer oppose Amazon aux différents créateurs de contenu. Voilà plusieurs semaines qu’il a débuté, mais encore aujourd’hui, il perdure. C’est ainsi que vous ne trouverez plus aucune précommande de l’éditeur Hachette ou de nouveauté de l’éditeur Disney. Bien entendu, le conflit tourne autour des tarifs pratiqués par Amazon.
En effet, si pour le géant du net, proposer des prix bas lui permet de continuer sa route vers le monopole, cela n’est en rien profitable aux éditeurs. Grâce à ses parts de marché, Amazon se trouve très clairement en position dominante ; pour les éditeurs, ne pas apparaître sur la boutique en ligne Amazon représente un énorme préjudice puisque une grande partie de la clientèle transite via cette plateforme. Malgré tout, en pratiquant des prix aussi bas, les éditeurs se plaignent de ne pas rentrer dans leurs frais.
Amazon ne dépense presque rien, alors que les éditeurs, pour proposer du contenu, dépenses des millions de dollars ; c’est donc vital pour eux de pratiquer des prix suffisamment élevés pour rentabiliser leurs investissements. Pour contrer cet argument, Amazon répond que ces éditeurs ne reversent qu’une faible partie des bénéfices aux auteurs. Découle de ce fait, que le marché du livre dispose encore d’une large marge accaparée par les éditeurs.
Il semblerait néanmoins qu’une grande partie des écrivains soient du côté des éditeurs et non du distributeur internet. En effet de nombreux auteurs américains ont invité Amazon à cesser d’abuser de sa position dominante, et cela en pleine page du New York Times. Ainsi, de grands noms comme John Grisham, Stephen King ou Nora Roberts signent : « En tant qu’écrivains dont la plupart ne sont pas publiés par Hachette, nous pensons fortement qu’aucun distributeur de livre ne devrait bloquer les ventes d’un livre ou décourager les consommateurs de commander et recevoir les ouvrages qu’ils souhaitent. ».
Amazon semble s’être bien mis à dos une grande partie des créateurs de contenus, créateurs sans qui Amazon ne pourrait exister. Mais ce n’est pas le seul cas que l’entreprise de Jeff Bezos ait à gérer ces temps-ci. Cette stratégie basée sur de prix faible avait séduit le consommateur et avait peu à peu détruit la concurrence. Mais c’est alors qu’il croyait le chemin enfin dégagé, que le distributeur a vu apparaître une nouvelle ombre dans son sillage.
Et l’ombre est d’envergure puisqu’il s’agit ni plus ni moins de l’autre géant du net : Google. Il semblerait que ce dernier s’intéresse de plus en plus attentivement à la vente de produits physiques, lui qui excelle normalement dans le secteur des moteurs de recherche. Nous apprenions il y a peu qu’il venait de s’allier avec Barnes et Nobles pour concurrencer Amazon dans le secteur de la vente des livres. Mais la firme de Moutain View ne s’arrête pas là et semble traquer chaque décision stratégique de son concurrent afin de la contrer.
C’est ainsi qu’Amazon lance son service de livraison le jour de la commande, avec 1 mois de gratuité du service. Google contre-attaque et propose la même chose mais avec 6 mois de gratuité ! Ce « Same Day-Delivery » n’est pour l’instant disponible que dans quelques villes des Etats-Unis. Mais Google ne souhaite pas s’arrêter là et compte investir près de 500 millions de dollars afin d’étendre ce service dans d’autres villes.
Et Google entend bien lutter sur le même terrain qu’Amazon puisqu’il propose ce service gratuitement. Et dans ce domaine, Amazon risquerait bien de perdre la lutte. S’il est vrai que l’entreprise peut afficher des prix extrêmement bas en sacrifiant sa marge, n’oublions pas que Google est entièrement gratuit et financé par la publicité.
Malgré tout, Amazon reste encore aujourd’hui le distributeur préféré des consommateurs, qui ont fini par prendre leurs habitudes sur le site. Mais voir arriver un concurrent tel que Google pourrait remettre très sérieusement en cause le monopole espéré. S’il on rajoute à ça la guerre qui l’oppose aux éditeurs et auteurs, il se pourrait qu’Amazon finisse par perdre également le soutient de ses clients. Aux Etats-Unis, même les consommateurs commencent à se poser des questions, et Wall-Street n’est plus aussi enclin à suivre aveuglement le géant de la distribution sur internet. Le signe que tout ne va pas si bien pour Amazon.
